Biodiversité des forêts

REDD-plus et les avantages pour la biodiversité

Réduire les émissions issues de la dégradation et du déboisement des forêts et le rôle de la conservation, la gestion durable des forêts et l'amélioration de stocks de carbone des forêts dans les pays en voie de développement (REDD-plus)

La déforestation se poursuit à un rythme d'environ 13 millions d'hectares par an, une zone d'environ 50 fois la taille du Luxembourg ou 180 fois la taille de Singapour (FAO, 2007). La déforestation tropicale est une cause majeure de perte de biodiversité. Elle a également comme résultat la libération de dioxyde de carbone (avec de petites quantités de monoxyde de carbone et méthane), une cause majeure des changements climatiques. Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a estimé les émissions résultant du déboisement dans les années 1990 à 5,8 gigatonnes de dioxyde de carbone par an, soit environ 20% des émissions annuelles mondiales de gaz à effet de serre. Ainsi, la réduction et/ou la prévention de la déforestation est une option importante d'atténuation des changements climatiques
Le sujet de la réduction des émissions résultant du déboisement et de la dégradation des forêts dans les pays en développement a été introduit à la onzième session de la Conférence des Parties (CdP)) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) à Montréal (décembre 2005).
La Conférence sur les changements climatiques de Bali, tenue en décembre 2007, a ouvert la possibilité de développer un mécanisme incitatif pour « réduire les émissions issues de la dégradation et du déboisement des forêts; et le rôle de conservation, la direction viable de forêts et l'amélioration de stocks de carbone de forêt dans les pays en voie de développement » (le REDD-plus) Par la suite certains projets REDD-plus ont été développés et figurent déjà dans les marchés volontaires du carbone.
Il est devenu évident qu'un mécanisme REDD-plus peut offrir de multiples avantages. En plus d'atténuer les changements climatiques, REDD-plus peut prendre en charge les moyens de subsistance, maintenir les services vitaux fournis par les écosystèmes et préserver la biodiversité d'importance mondiale. Par conséquent, les discussions sur les liens entre REDD-plus et la conservation de la biodiversité ont augmenté et un certain nombre de projets de recherche et de politiques ont été développés autour de la question. Les Parties à la CDB ont noté que les avantages ne seront pas nécessairement réalisés automatiquement. Toutefois, si l'initiative REDD-plus est bien conçue et correctement mise en œuvre, elle génèrerait des avantages sans précédent pour la biodiversité forestière.
Plus précisément, la Conférence des Parties, lors de sa neuvième réunion (CdP 9)), a demandé aux Parties, autres gouvernements et organisations internationales de s'assurer que les efforts REDD:
  • ne viennent pas à l'encontre des objectifs de la Convention sur la diversité biologique et la mise en œuvre du programme de travail sur la diversité biologique forestière, mais renforce la mise en œuvre du programme de travail,
  • fournissent des avantages pour la biodiversité forestière, et, si possible, pour les communautés autochtones et locales,
  • impliquer des experts de la biodiversité, y compris les détenteurs des connaissances traditionnelles liées aux forêts;
  • et le respect des droits des communautés autochtones et locales conformément à la législation nationale et aux obligations internationales (décision IX/5).
Lors de la conférence sur le climat tenue à Cancun , en novembre/décembre 2010, la Conférence des Parties de la CCNUCC a formellement inclus REDD-plus dans le régime international du climat. Dans sa décision 1/CP.16, elle encourage les Parties qui sont des pays en développement à contribuer aux mesures d'atténuation des gaz à effet de serre (GES) dans le secteur forestier en entreprenant des activités REDD-plus. L'initiative REDD-plus sera mise en œuvre en trois phases, en commençant par l'élaboration de stratégies et plans d'action nationaux, de politiques et mesures, et de renforcement des capacités, suivi de leur mise en œuvre et son évolution vers des actions mesurées, déclarées et vérifiées et axées sur les résultats.
Plus important encore du point de vue de la biodiversité, la CdP de la CCNUCC a affirmé dans la décision 1/CP.16 que la mise en œuvre des activités de REDD-plus devrait inclure la promotion et le soutien d'un certain nombre de mesures de protection, incluant :
  • de la cohérence avec les objectifs des programmes forestiers nationaux et les accords internationaux pertinents;
  • des structures de gouvernance nationales transparentes et efficaces sur les forêts ;
  • de la cohérence avec la conservation des forêts naturelles et la diversité biologique, incluant l'évitement de la conversion des forêts naturelles mais des mesures d'incitations pour la protection et la conservation des forêts naturelles et leurs services écosystémiques ainsi que les autres avantages sociaux et environnementaux;
  • aborder les risques d'inversion;
  • réduire le déplacement des émissions.
Lors de la Conférence sur les changements climatiques de Durban en novembre/décembre 2011, Cdp 17 de la CCNUCC a élaboré davantage sur la décision 1/CP.16 et fourni des lignes directrices sur les systèmes pour fournir de l'information sur la façon dont les mesures de protection sont prises en charge et/ou si elles sont respectées. Dans la décision 12/CP.17, les Parties se sont entendues que de tels systèmes devraient:
  • être compatibles avec les directives de la décision 1/CP.16-identifiés;
  • fournir des informations transparentes et cohérentes qui sont accessible par tous les intervenants pertinents et mise à jour sur une base régulière;
  • être transparents et flexibles pour permettre les amélioration au fil du temps;
  • fournir des informations sur la façon dont les mesures de protection énoncées dans la décision 1/CP.16 sont abordées et respectées;
  • être initiés par les pays et implémentés au niveau national;
  • se baser sur les systèmes existants, le cas échéant.
Dans cette même décision, les Parties à la CCNUCC se sont également entendues sur les modalités pour les niveaux d'émission de référence des forêts et les niveaux de référence des forêts comme repères pour évaluer la performance de chaque pays dans la mise en œuvre des activités REDD-plus.
Les conférences de Cancun et de Durban ont aussi exploré les options financières pour la mise en œuvre des actions basées sur les résultats de REDD-plus. Les progrès sur cette question ont été reportés à la COnférence de 2012 sur les changements climatiques qui aura lieu au Qatar.
En ce qui concerne l'initiative REDD-plus, la Conférence des Parties, lors de sa dixième réunion (CdP 10) a prié le Secrétaire exécutif du Secrétariat de la CDB, en collaboration avec d'autres organisations, de fournir des conseils, y compris sur l'application des mesures de protection appropriées pour la biodiversité, pour leur approbation par la Conférence des Parties lors de sa onzième réunion. En outre, le Secrétaire exécutif a été prié d'identifier des indicateurs possibles pour évaluer la contribution de REDD-plus à la réalisation des objectifs de la CDB, et évaluer les mécanismes potentiels de surveillance des impacts sur la biodiversité et de ces autres approches écosystémiques pour les mesures d'atténuation des changements climatiques, et d'en faire rapport sur les progrès réalisés à l'Organe subsidiaire OSASTT lors d'une réunion préalable à la onzième réunion de la Conférence des Parties (X/33 décision).
Le Secrétariat de la CDB travaille sur ces demandes en réalisant des études et des ateliers. Un des aspects particuliers de ce travail vise à assurer une participation appropriée des communautés autochtones et locales.

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